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-Ça y est, je crois que je sais où est Suzie.

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Antoine se tourne vers Martin, qui fait sa tête de content de lui. A parier que c’est encore un plan foireux, une connerie chopée sur Internet, encore un de ces ragots à la noix. Ce n’est pas la première fois, d’ailleurs, et il n’y a probablement pas de quoi s’emballer. Martin, s’est légèrement penché en avant vers sa droite, en tenant à peine le volant de la main gauche, et il fait défiler ses listes aux noms bizarres, sur l’écran vert de l’autoradio, tout en regardant régulièrement la route. C’est fou ce qu’il a accumulé en playlists, des dizaines et des dizaines, essentiellement constituées de morceaux qu’il partageait autrefois avec sa cousine, quand ils étaient des teens avides de sensations nouvelles et qu’ils passaient des heures à écouter sans se lasser les mêmes disques, les mêmes K7. Que des mélodies qui leur donnaient l’envie romanesque de s’évader à Londres ou ailleurs, ou de sauter à pieds joints dans leurs docs en se percutant, ou bien tout simplement qui accompagnaient leurs longues heures à rester à buller, collés l’un contre l’autre tels des frère et sœur siamois. Y’a pas beaucoup mieux que la musique, après tout, pour fixer dans sa mémoire, les moments les plus importants de son existence, ceux qui donnent un sens réel à tout ce merdier, si toutefois il en existe vraiment un...

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